La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 13 mai 2010








Souvenirs...


Après une période de deuil , cet hiver, je me suis posé la question de savoir si je recommencerai à créer, si je serai capable de pratiquer à nouveau le land art, avec cette douleur, d'avoir la moindre idée, de retrouver les gestes. Alors, j'ai repris la direction des plages et je me suis mis à marcher, marcher encore. La mer était basse, le ciel dégagé, pas de vent, juste un froid piquant pour me rappeler l'hiver. J'ai marché, d'abord en direction du soleil, puis je suis remonté dans les dunes et je me suis assis, perdu dans mes pensées. J'aurai bien tracé une spirale, mais cela me paraissait impossible. Je suis redescendu vers les pierres et j'ai commencé à" jouer" avec, comme un enfant, à genoux, réalisant de toutes petites choses comme cet inuksut nain. J'ai continué par des équilibres, puis des tracés de ligne avec un bois flotté, puis un cercle , en piétinant le sable mouillé. Des signes, des traces, la solitude, des souvenirs...Cela, sur des kilomètres, perdus dans le temps, l'espace, sans lien véritable. Il fallait en passer par là.
L'hiver, ici, le soleil quitte la plage de bonne heure et j'ai consacré l'heure qui me restait à réaliser cette première spirale, après son départ. Je suis parti dans mes souvenirs lointains, ma petite enfance à Saint Nazaire, sous les bombes, et même plus loin, dans ce pays que l'on appelle la peur. La spirale est sortie du sable, comme si ce n'était pas mon travail, comme si ce n'était pas moi qui l'avait tracée. On dirait que parfois, la maitrise du geste remplace jusqu'à l'intention de tracer et permet à l'esprit de s'évader quelques instant sans rien perdre en qualité.
J'ai photographié cette spirale au soleil couchant et lorsque j'ai quitté la plage , il avait disparu derrière les dunes. Restait le froid sec pour m'accompagner et terminer la marche.


Roger Dautais






Fais ta demeure
dans la parole retenue
sur la rive d'une phrase


Tahar Beb Jelloun
à l'insu du souvenir






C'est avec des cendres
de la séparation
que se prépare la mixture
à s'enduire
quand l'insomnie noue l'estomac
de l'absence
la salissure des larmes
n'a aucune vertu
sinon d'inhumer avec oraison
la coquille évidée
des heures du rapprochement.


Alain Mabanckou
Les arbres versent aussi des larmes

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.