La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

dimanche 30 mai 2010









à quinze mètre de moi, une très belle pierre tombale
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Revenons un peu en arrière. Je vous avais promis de raconter comment j'avais découvert une pierre tombale dans le port de Ouistreham. Voici donc. Après deux jours de fortes chaleurs, le temps s'est couvert, l'air est lourd et la météo annonce des orages pour les prochaines heures. Je décide de prendre la direction des plages, avant qu'ils n'éclatent. Je me dirige vers Ouistreham, la grande plage, passe les enrochements et découvre l'état acceptable des deux petites bandes de sable qui bordent le chenal d'arrivée au port, pour tenter d'y inscrire une spirale. Au même moment, le ferry , Mont Saint Michel, arrive d'Angleterre, imposante masse blanche qui traine une vague d'étrave de 15o mètres de chaque côté de la coque, comme une belle moustache. C'est, justement, sur ce même ferry que je visitais l'an dernier en compagnie de Marie-Claude que depuis la passerelle de commandement, je faisais la connaissance de son commandant. Lors de la discussion, je lui expliquais, travailler, sous ses yeux , à tracer des spirales sur ces minuscules bandes de sable, entre 20 et 25 mètre de large sur 200 mètres de long. Oui, il les avait vues, mais se demandait qui pouvait bien passer son temps à cet exercice qui de toute façon, serait recouvert quelques heures plus tard par la marée. Il me dit alors, avoir vu, sur cette plage, avec ses jumelles, une pierre tombale qui apparaissait et disparaissait, selon l'ensablement du lieu. Je ne prétends pas aller là-bas tous les jours, mais dans une année, je peux y retourner une dizaine de fois et j'ai continué à le faire, après cette confidence, sans jamais rien voir. Et puis, cette semaine, je traçais ma spirale sous les yeux de l'équipage d'un remorqueur, qui lui, faisait des ronds dans l'eau en attendant un cargo. Tout se passait bien, le sable était souple, le temps un peu frais, bien sûr, et je pensais soudainement à cette pierre tombale. A l'instant même où je m'arrêtais pour reprendre souffle, levant les yeux, je découvre, à 15 mètres de moi,une très belle pierre tombale, au pied des enrochements, plantée aux deux tiers, en biais, dans le sable. J'hésitais entre surprise et bonheur de la voir enfin, troublé aussi, par cette découverte. Je me suis arrêté, je me suis approché et j'ai nettoyé cette très grosse pierre, ornée d'une croix sculptée dans la masse. Quel destin de pierre ! Extraite d'une carrière de granit, taillée, sculptée, déposée probablement sur un caveau assez important, mise aux rebuts, récupérée par une entreprise et servant d'enrochement au port de Ouistreham. Elle devait, en effet, être le plus souvent, sous le sable, puisque à cet endroit, je ne pouvais pas passer à côté sans la voir. J'ai terminé ma spirale, j'avoue, tout à mes pensées, imaginant que cette pierre tombale me rattachait à l'histoire du siècle dernier au moins, sinon plus loin encore. Et j'ai terminé ma journée comme je l'avais commencée, par réaliser des équilibres de pierres, sortes de guetteurs chargés des lieux, avant que la mer ne se charge de les recoucher à leur place.




Roger Dautais







La mer



Dans ses ondulations elle dérange mon cœur qui d'habitude est aussi tranquille qu'un miroir, et cela à cause des terribles événements qui s'annulent à l'intérieur de la lourde masse d'immobilité qu'elle présente.

La mer se précipite dans les cavités : celles des rochers, de l'esprit, du corps...Elle s'y engouffre, et en arrache les croissances tentaculaires de la mort.

Puis elle tire, les rideaux, et se douche d'une incroyable luminosité.


Etel Adnan (Liban)

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.