La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 17 octobre 2012

Déchirure
Guetteur de marée

Rive droite
Aux oiseaux  de mer
Solitaire
Cairn de l'échelle  à saumon
Mémoire de fleuve ( pour Marty)

Spirale du souvenir
Petites intentions Bretonnes
Courseulles sur mer

 
Guetteurs de marée
Pour Marie-Claude
Breizh 2008


Aux  pierres...


J'ai toujours été fasciné par les pierres et ce, depuis mon enfance.Qu'elles aient gardé leur liberté, leurs formes sauvages, voire agressives et blessantes ou polies par le temps, les eaux, j'ai ramassé ces pierres, je les ai déterrées, retournées, entassées,  mises dans mes poches, prises  à bras le corps  pour les déplacer. Je les ai regardées, écoutées dans leur silence, questionnées et trouvé une réponse qui  me satisfaisait, au-delà de leur mutisme.
Sur les grèves Bretonnes, j'ai souvent arrêté ma course  pour contempler ces grèves de galets. A marée haute, j'en choisissais quelques-uns, les plus beaux,  les plus lisses et les rejetais  à la mer  pour leur donner un sursis de liberté afin qu'ils ne terminent pas dans la poche des autres marcheurs.
Enfant, j'escaladais les vieux murs qui retenaient la terre des jardins en espalier. Leur apparente solidité était parfois trompeuse et je me retrouvais dans le jardin voisin, emporté dans ma chute par une pierre descellée, avec devant moi, le spectacle d' un mur éventré, poussiéreux. Alors je regardais cette béance fumante mise  à découvert et qui représentait  les entrailles d'un mur. Comme un chirurgien , j'autopsiais le cadavre et  j'essayais de comprendre le cœur du  mur  avant de prélever "un  organe" au  plus profond de l'ensemble, persuadé qu'il détenait le secret du bâtisseur mais aussi qu'il avait échappé au regard de plusieurs générations de jardiniers. Je l'imaginais avoir entendu de lourds secrets, des souvenirs inavouables et des confidences amoureuses Je pensais qu'en prélevant cette  pierre dans mes mains, je remonterai  jusqu'à son enfance et qu'un  jour, elle me parlerait.
Enfant, je bâtissais sur les plages Bretonnes, des châteaux de pierre sur le sable puis j'attendais que la mer les recouvre. Le lendemain, je retrouvais,  pour mon  plus grand  plaisir, toutes les pierres écroulées en tas, comme si elles m'avaient attendu pour jouer à nouveau. Était-ce de ces souvenirs de guerre, au cœur de la quelle j'étais né, de bombardements, de peur, de  maisons écroulées, de  malheur qu'il fallait  à tout  prix transformer pour ne pas mourir, qu'était né cette passion des pierres. Je le crois maintenant. 
L'imaginaire et la création m'auront  permis de me sortir de bien des situations difficiles. J'aime toujours écouter ces pierre qui me fascinent. Au  plus loin que je sis allé, en Égypte, sur le Nil, à Karnak, Assouan, en Nubie, Abu Simbel où bien au  pied e la pyramide de Keops, j'ai ai écouté leur chant, du lever au coucher du soleil, élevé des cairns et reçu de leur part d'aussi beaux cadeaux en retour.
 L’enchantement se mérite aussi. Si je n'avais plus  rien à raconter,  à créer,  à montrer, probablement que je ne pratiquerais  plus le land art mais vous comprenez qu'il est en prise directe avec mon enfance et que pour boucler la boucle, ce n'est pas si mal que cela. Et voilà  pourquoi, je montre aujourd'hui beaucoup de travaux de pierres.

Roger Dautais


Vous me demandez parfois ce que veulent dire les légendes de mes photos. Parfois, je réponds, parfois,pas. Pour la première photo je l'ai ainsi appelée,"Déchirure" parce que je me suis  blessé en quittant la pente de terrain  où je travaillais, après l'avoir réalisée en  une heure.Résultats une déchirure  musculaire très sérieuse et très douloureuse  à la jambe,qui m'impose 6 semaines d'arrêt.




LIEUDITS


Il y aura, c’est sûr, un pêcheur à réparer ses filets.
Dans l’espace que circonscrit sa nasse
entre les nœuds du cordage
comme une brèche
dans le granit des jours
creusée à la force des ongles
du sang qui pulse, un mirage
où penser n’est plus
-vivre simplement vivre
(en mourir d’être là)



II
 
Nekromanteion, là où se rejoignent Cocyte et Achéron.
Nous parcourons le sanctuaire de la Mort, le lieu où Hadès et Perséphone ont leurs prêtres et leurs palais.
Là, tout leur petit monde, précisément là, dans les herbes folles, entre une fourmi et un caillou. Laminée, la géographie des murs ; les autels, les cellules sacrées, avec violence chamboulés par les racines d’un olivier. Un parfum de pin nous saute à la gorge.
Autrefois il fallait se purifier (formules rituelles, gestes propitiatoires) avant de parler avec ceux qui portent notre avenir dans leurs mâchoires terreuses.
La mort se tait dans le bleu du ciel, les vapeurs chaudes de la broussaille, dans la scansion des élytres les reptations du lézard sur la pierre brûlant, elle se tait.
                       Aujourd’hui, motus et bouche cousue
III


              par delà les flétrissures
on plongerait dans cette mer
en contrebas des paupières
de derrière la fenêtre on remâcherait
la prière de l’écume
       que l’humidité n’épouse pas le rance
       qui érode nos fronts
alors s’envoler loin dans le roulis des vagues
blesser nos pieds sur les galets
ensabler nos mains creuser se salir
jusqu’au goudron qui glue au corps
           se barbouiller suture cachou, réglisse
marcher crabe à reculons
vers la mandorle de l’enfance

Sylvia Härri

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.