La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 5 décembre 2012

Trois sacrifiés
Le temps qui  passe
Jeu de lignes
Spirale ses 24 heures du jour
Résonance
à Cécilia Vilas Boas : Passer  le pont
Pour Leovi : L'heure unique
Spirale blanche
Pour Elfi : Cadre de vie
Guetteurs d'orage

Pour Orvokki : Sortie de ville
Enroulement
Traversée du miroir aux portes d'Ardennes

à Pierre Boyer *

La traversée du miroir.

Le temps est stable. Il  n'y a pas de vent et c'est ce qu'il  faut  pour me rendre  où je vais. Je quitte la ville en direction du nord-est et après  une quinzaine de kilomètres, je gare ma voiture à  l'entrée d'un champ. Je traverse la route, passe deux profonds fossés, escalade  un talus et me glisse  à plat ventre sous  une rangée de barbelés. C'est souvent comme  ça  pour entrer dans une carrière et celle-ci est particulièrement gardée. De l'autre côté, je dois encore franchir une dizaine de  mètres au travers d'acacias dont les épines sont presque aussi dissuasives que les barbelés. Il faut progresser doucement. J'arrive sur une ancienne route d'accès à la carrière, absolument déserte et dont les cotés ont été arborés  pour donner un semblant de vie  à ce lieu sinistre. Je contourne la béance noire et plonge vers ce lieu impossible  à fréquenter  par grand vent. J'entre dans une carrière absolument noire. Une usine qui emploie le charbon  pour faire tourner ses fours a choisi cette ancienne carrière de calcaire  pour en faire le dépôt des déchets. Tout est noir. Le charbon a tué  la végétation sur des hectares alentour. J'ai devant moi, des montagnes noires qu'il est impossible d'escalader, car trop instables. Je vais donc travailler sur leur flanc. Je commence par aller récupérer des pierres calcaires au pied des falaises qui cernent le lieu. Je dessine en  premier,   un  grand cercle de pierres blanches qui symbolisera le temps présent. En amont, je réalise une spirale qui se déroule en un axe, arrêté  par  une première parenthèse à gauche du cercle. Parenthèse  à droite du cercle,  puis reprise de l'axe qui se termina par une flèche.
La spirale symbolise, la naissance, le temps passé, la flèche, symbolise le futur. L'ensemble se nommera : le temps qui passe.
Avant de quitter les lieux, je réaliserai  une seconde installation qui  portera le nom  suivant : Les trois sacrifiés. J'évoque ainsi, ceux qui osent et résistent au  prix de leur vie.
Je ne suis pas retourné dans ce lieu depuis  longtemps car je ne  m'y sens pas  à  l'aise et je me demande d'ailleurs pas s'il ne serait pas pollué par ces déchets. Il est donc, devenu  pour  moi,  un souvenir.
Je croise ainsi mes souvenirs avec une pratique du land art, me rapprochant chaque  jour de la conclusion. 
A quoi pensais-je, au cœur de cet été, non  loin de l'Abbaye d'Ardenne, en regardant s'élever une fumée du crématorium, qui emportait le souvenir d'un  être trépassé. Pourquoi, l'avais-je aussitôt traduit par ces deux cadres posés dans un champ de blé? La traversée du  miroir étant un dernier acte naturel,  il restait pourtant une part indestructible de souvenir dont il  me fallait parler sans dire  un mot. La vie, la mort, intimement contenues en  moi, j'allais, bringuebalant ma condition humaine, d'installation éphémère en signes incompréhensibles pour les autres, raconter et raconter encore, que l'humanité avait besoin de ces actes de création, qu'ils soient d'autres  ou de  moi-même. Ainsi, il existerait, encore  pour longtemps, cette petite musique intérieure capable de nous mener, nous emmener, et faire rêver  une poignée d'humains et lutter contre le désespoir. J'ose le penser, aujourd'hui, encore.

Roger Dautais

Pierre Boyer:  pierre-boyer.blogspot.com/



Le sel

Il vient de la mer, je le sais
son sel durcit dans ma broussaille.
Le soir, s'il  me dit : chante !
Je deviens fou,  mon ombre est folle
je dis la chose sans  paroles.
Les gens viennent, les gens se taisent sous la lune.
Et  je danse pour le viril
le plus  mouvant, plus simple et  plus terriblement subtil.
Je meurs, je sombre, délirance
est sous la pointe de mon pied.
Rien, la voix ne m'est rien. C'est son silence contre
toujours plus contre  moi
qui révolte et fait tourner le ciel.

Henri Bauchau
Blason de décembre ou le double initiation in Poésie complète Acte Sud 2009

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.