La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 28 septembre 2013


L'ouverture : à camino roque

Pierre N°1: pour Marie-Josée Christien
                                               

                                       
                                             Pierres N° 2et 3: pour MaryliseLeroux et Eve Lerner
                                               

Les anneaux de Boromée : A Marie-Claude du Lac Majeur

Hommage  à l'océan :à Jacques Thomassaint

Hommage  à la Ria d'Auray : Pour Guy Allix

La chanson de Beau Dommage :  à Thibault Germain


Écrire l'histoire en rouge : Pour Alain Jégou

Le festin de la mer ( Piriac sur mer)  : à Yann Dautais

Simple Mandala :  pour Uuna

Recueillement : à Rick Forrestal

En  mémoire des Pierres plates de Locmariaquer : à Sylvie (Epamin')

Cercles de rencontre : pour Olivia Quintin

Trois heures après :  pour Marty


à celle que j'aime...


Je pense  à toi. Il  pleut. 
Qu'aurais-je   gagné  de  mieux, autre que cette putain de vie qui me file entre mes doigts. Mes pensées défilent plus vite que les nuages. Parfois, je voudrais que cette comédie s'arrête mais a-t-on  le droit de sauter en marche du train, de ne pas terminer la représentation? Ce qui  me tient en vie ? Un peu d'amour, beaucoup d'amour et d'incompréhension. 
Chaque jour est un  point de départ. Chaque jour,  une nouvelle interrogation :  où vais-je aller user ma vie loin d'elle, aurais-je encore la foi pour continuer ce chemin de solitude ?
Hier, en  pleine forêt Bretonne, sur un chemin qui  conduit du Mané Croc'h au Mané Braz, terre sacrée de dolmen et menhirs, je me crois seul et réalise  une installation lorsque 3 marcheurs que je n'ai pas entendus arriver m'interpellent : c'est beau: qu'est-ce que c'est ? Je leur explique. "Le land art"...une jeune femme reprend : ah ! c'est vous l'homme de Locmariaquer qui levez des pierres sur la côte. Ma mère vous a vu. Elle m'a dit que c'était beau !
Je n'ai  pourtant rien fait pour me faire connaitre ici et Locmariaquer est à 25 km de ce lieu et  je n'habite le pays que depuis le 15 Avril de cette année.
Autant, en Normandie, j'étais très médiatisé par la presse écrite, la TV les radios, autant ici, je n’intéresse vraiment personne.Le land art n'est pas le sujet du jour. Pourtant cette courte rencontre me fait autant plaisir qu'un papier dans le journal . Allez savoir  pourquoi.
Il  pleut et je suis il  y a quelques jours dans l'enclos sacré d'une chapelle rénovée dans la forêt de Crac'h. Un temps de chien  mais la  pluie me régénère et  j'ai tellement travaillé en sa compagnie dans les jardins, autrefois. Comment ne pas aimer la revoir après cet été trop chaud. Cette chapelle de granite isolée en pleine campagne est entourée de haies,  puis d'un mur d'enceinte en  pierres , assez récent. Au centre,  une autre enceinte de forme ovale,  muret, ou talus, et dans cet espace, des arbres. On dirait de grands bonzaïs. J'entre dans ce jardin et trouve trois pierres roulées sur le sol. Je vais les emprunter  pour travailler  à ce qui me vient  à  l'esprit : rendre  hommage  à trois femmes,  trois  poètes , trois amies que je rassemblerai dans un travail commun . Je pose les trois pierres sur le muret et les dispose assez proches l'une de l'autre,  puis les mets debout. Ma  fortune actuellement est faite de glands de chêne, de quelques graines d'églantier et de tiges séchées de fougère. La pluie m'accompagne et tombe  plus dru. Elle frappe sur les feuilles mortes et sèches. J'imagine des pas, des présences, et je n'ose lever la tête de peur de les voir s'enfuir.Dansez amis, dansez  pour celui que l'on exécuta sous la terreur dans ce lieu et il se mêlera  à vous dans un An dro fraternel. J’entends sonner bombarde et biniou alors que sous mes doigts nait  un carré dont l'un des angles laisse échapper quelques gouttes de sang. 
Fantômes de ma jeunesse, Sabba du Mont d'Etenclin, cavales blanches allumeuse de feux de solitude que seules les larmes pouvaient éteindre au petit matin, vous êtes revenus et nous reprenons ensemble la route vers l'infini.
Bien sûr,  on  peut penser que j'empile des cailloux, je fais des tas de M....comme me disait  un commentateur éclairé, que tout ceci est du vent et pourtant.
Revenons quelques instants sur la deuxième spirale de Piriac cette fois tracée vers la Pointe du Castelli. Pour qui  l'a vue, cette côte, très belle, est assez accidentée. J'ai choisi de descendre cette périlleuse falaise  parce que le site, la plage et son sable presque noir,  m'attiraient. La mer  montait et j'ai choisi  à  l'estime  l'endroit  où nous pourrions nous rencontrer, ce qui m'a obligé  à tracer cette spirale très rapidement. J'ai terminé le dernier tout au moment  où la mer venait l'affleurer. Un  immense plaisir que d'avoir réussi cet exploit. Je n'ai rien lâché, vraiment épuisé par l'effort et il n'y avait rien à gagner sinon cet instant magique.
 Magie de la mémoire qui  m'embarque dans le bateau d'Yves Jégou en compagnie de Jacques Thomassaint. Nous faisons route, tous les trois. Ils ont pris  un peu d'avance  mais parole d'homme, je les rejoindrai quand  il faudra.
Le land art  me permet tous ces voyages au bord du gouffre. Il  me permet, si la vie  m'y plonge, de remonter  à la surface, mais je n'oublie pas cette jeunesse fracassée et j'ai besoin de me confronter au mystère de la création  pour comprendre comment  on peut détruire ce que l'on a crée.
Je t'ai appelé hier,  mon amour aux yeux si bleus. J'étais les deux  pieds dans les menhirs du Mané Braz et j'entendais ta voix qui me tient en vie et je t'envoyais la mienne  pour que tu saches combien je t'aime. Bien sûr, il ne faudrait pas mêler art et sentiments, mais après tout, ici, c'est comme sous une pluie battante  ou bien en plein soleil,  il s'agit de vivre encore  un peu, sans demander l'avis des autres, mais parmi eux,  puisqu'ils "sont" le monde dont je fais encore parti.

Roger Dautais




Ce que l'on nomme" l'universel" est sans doute le dénominateur commun à tout être humain. Mais  on oublie généralement tout ce que cette part universelle doit aux éléments particuliers.

Marie-Josée Christien
Petites notes d'amertume
Les Editions Sauvages.

*

Ce qui vit en moi
alourdit
ma détresse
fissurée  par le doute

a chaque pas
La hantise de faire fausse route.

 Marie-Josée Christien*
Le carnet des métamorphoses

Les éditions sauvages 2007
*  http://anthosuballix.canalblog.com/pages/marie-josee-christien/27590451.html


*


Nous  pouvons
enserrer le temps
dans nos filets
Le maintenir
corps  à corps
dans une étreinte
qui tient tout
ensemble

Il se joue
de nos ficelles

Nous apprend
qu'aimer
ne se quitte pas.

Marilyse Leroux
Le temps d'ici

 Éditons Rhubarbe


*


Chimère n°zéro : Au début


Au début tout était noir
le monde n’existait pas
je porte cet obscur sur mes épaules
je presse la lumière
contre mon sein



Chimère n°55 :Chimère de conclusion
Grâce à cette lumière
la vôtre
celle de l’univers
celle du poème
il y a désormais une voix
dans la manière
dans la matière
dont l’étoffe de l’univers
tisse notre langue
et nos ébats
Eve Lerner 

extraits de Le livre des Chimères,
 Éditions l'Autre Rive

jeudi 19 septembre 2013

Grande spirale de Piriac sur mer : pour Jean-Pierre et Mireille

Le chantier : pour Serge Thébault


Guetteur de marée : à Guy Allix

La porte de Piriac sur mer : pour Camino roque

Jardin de mer : pour Linda Lourenco

Traces : pour Leeloo

Offrande  à l'Océan Atlantique : à Marie-Josée Christien

L'éveil absolu  : Pour Uuna


Naissance d'une spirale :  à Marie-Claude

Bel aplomb : To Erin

Le triangle  : to Sasa Saastamoinen

Fleur de mémoire : à Réjane

  

l'anonyme de Lerat :  à Patrick Lucas







à  mon  Père


Je reviens du "Pays Blanc", les yeux émerveillés de ce ballet silencieux des aigrettes blanches dans les vasières des marais salants des Terres Brûlées. Depuis deux jours, je me déplace sur la côte entre Batz sur Mer et la pointe du Castelli  à Piriac sur mer. Un détour s'impose par les marais  où je peux rien faire de mieux que d'admirer cette vie animales qui s'éveille au soleil levant.
 Guérande,Trescalan, La Turballe, Lauvergnat...Dans les dernières années de sa vie, nous avions amené notre père sur les lieux de son  enfance et il nous racontait. Je l'entends encore et ce matin, je marche dans ses pas. Il  m'accompagne, comme si souvent.
Après ce détour par les salines, je décide de parcourir  à nouveau  les plages de Piriac. La Bretagne  m'ouvre les bras, comment ne pas tomber sous le charme de cette plage désertée par les touristes de l'été. Il fait frais, la mer est calme. Un chalutier pêche  à la palangre à 200 mètres de la côte et je vois très bien  les deux marins  au travail. Je pourrais presque leur parler.
Machinalement, mon pied explore le sol. Ce qui n'était pas prévu va naître ici car les conditions sont idéales  pour tracer une spirale.Changement de programme.
Le sables est souple, granuleux et suffisamment humide pour que le sillon se tienne.Je suis dans le haut de la plage et, compte tenu du faible coefficient de marée et des traces de la laisse de mer, cette spirale ne terminera  pas dans l'eau. J'aurais  préféré, mais depuis que j'ai quitté la Normandie, les occasions sont rares de trouver  une plage correspondant  à ce que je cherche  pour ces grandes spirales. C'est simple,  ma dernière doit remonter au  mois de Mai, du côté de Plouharnel.
Avant de me mettre  à  l'ouvrage, je me pose toujours la même question : serais-je encore capable de la mener  jusqu'au bout ? 
Je plante  mon talon gauche dans le sol,  prends appui sur ma jambe droite et commence  le déroulé du sillon en reculant par petit pas de 30 cm environ. Les premiers tours doivent être faits assez rapidement  pour que le rythme de la marche donne de la puissance au mouvement et de la régularité au sillon. La tête me tourne.
N'ayant pas décidé de faire une spirale, je me suis chaussé de sandales et la sensation est complètement différente. Je travaille vraiment avec mes pieds et ce contact du sable encore tout emprunt de la fraîcheur de la nuit est très agréable.Mais il est composé d'un  mélange  de petits cailloux  qui me rentrent dans les sandales et ceci ralentit ma marche car je dois me déchausser régulièrement pour les nettoyer et  pouvoir continuer. Au dixième tour, je jette un œil sur le travail effectué. Aucun  problème de régularité, ni  pour la profondeur ni  pour le parallélisme du sillon. Il me reste 14 tours et  ça va être dur.J'ai déjà  mal aux jambes, aux reins  à cause de  cette position, corps  penché sur l'avant pour concentrer mon effort physique. Je sens quelques personnes s'approcher de la spirale sans vraiment les voir. Je dois tenir. 
Vers le 17 ou 18 ème tour, j'entends  une voix de femme :
- vous voulez que je vous prenne en  photo?  
Elle me surprend.
- C'est beau. Vous voulez bien ? 
 Je lui répond que oui et je continue.
- Dites, vous avez  un appareil  photo? 
- Oui 
-Donnez le moi et je vous prend avec.
 La proposition est rare et je profite de cette proposition sympathique. Je lui  prête  mon appareil et elle prend 3 photos, à son goût. Je la remercie. Nous échangeons quelques mots et je continue.
J'ai perdu le rythme, je me suis déconcentré et je vais avoir un  mal terrible  à terminer cette spirale. Je perds  l'équilibre, je m'enfonce trop dans le sable, je zigzague, je me reprends, bref, c'est la catastrophe. Tout ça  pour trois photos. Je arrête et je fais quelques exercices de respiration profonde et je me concentre  à nouveau. Je reprends le travail. Il se fait plus régulier, mais la douleur dans les jambes est très grande et je dois faire des arrêts fréquents. Les deux derniers tours me semblent interminables mais je termine une spirale presque parfaite que le soleil enluminera à  plusieurs passages entres les nuages.
Je pense  à  mon père qui se baignait âgé de 5  ou 6 ans sur ces plages dans les années 20. Cela fait presque cent ans. J'aurai aimé lui  montrer ce travail avant qu'il ne nous quitte.

Roger Dautais

 N.B Les photos de 1 à 9 et la dernière sont des installations réalisées à Piriac sur Mer




Nous ne sommes que
des passants
rien d'autre
mais  nul ne connait la rive

***


A l'écart du rivage
l'air vibre
sur les landes
imprégnées de la pâleur du sel


Le souffle et  la lumière
se prolongent
en frémissements


L'oeil scrute

ouvert aux étendues
qu'il retenait en  lui



Il voit


Marie-Josée Christien*

Temps composés
Cahiers Blanc Silex

* http://anthosuballix.canalblog.com/pages/marie-josee-christien/27590451.html

lundi 2 septembre 2013

Le  Témoin de l'ile Berder :  pour Joelma

Le muet de l'Ile Berder:  pour Okasan

1942 : à Raymond Anisten

L'heure unique :  à Jean Aunay

Zen :  To Erin

La porte du Loc'h  : à Guy Allix

Les fougères  : à Marie-Claude

Franchissement : pour Olivia Quintin

 l'autre rive : pour Edith et Maud




La mémoire de l'ombre :  à Youenn Gwernig
Les discrets :  pour Marilyse Leroux

Bois de Lebisey : à Fanny

Jubilation :  aux 130000 Lecteurs du CHEMIN DES GRANDS JARDINS


Le tour de  l'île...

Dans  une heure le passage sur  l'ile sera découvert. Je marche le long de la côte. Il faut laisser le travail de mémoire se faire lentement, provoquer l'amnésie jusqu'à ce qu'elle cède et fasse place aux images. Ma vie défile. L'enfance, la vieillesse, tout ça c'est pareil. On n'est pas dans le coup. Il faut s'inventer une vie possible dans le no  man's land, hors des schémas. Il faut prendre les chemins de traverse, se laisser séduire par la lumière avant qu'elle ne sombre et s'éteigne  pour de bon. Le temps est compté maintenant et personne ne me fera cadeau d'une seconde.
J'ai fermé l'autoradio tout  à l'heure en venant  ici.Les nouvelles sont hachées, mâchées, prédigérées,  orientées. A la télé, c'est pareil, et elles sont présentées par des bellâtres comme si cette pâtée ne devait le seul  moyen de comprendre le monde. Et si  l'on regarde ailleurs, on est perdu, désespérément  perdu, catalogué borderline.
Pendant tout ce temps, la mer  monte et descend sans demander  l'autorisation  à qui que ce soit. Le passage  à gué se dégage s'assèche. Je rejoins  l'Ile Berder. Je file vers  l'Est où les plages offrent un beau choix de pierres pour y travailler. Je m'arrête à  l'ombre  pour contempler le paysage marin. Douce chaleur, eaux calmes, bateaux  à l'ancre,  îles  à  portée de vue, le Golfe du  Morbihan  m'acueille, d'une bien belle façon et pourtant...
Je construis un premier cairn, un second,  puis  un troisième. Les pierres de base sont très lourdes et coupantes.
Un homme sort de la verdure qui me sépare du centre de  l'Ile Berder. Il veut  photographier mes cairns. On échange quelques mots. Il est plutôt sympathique. Je le laisse faire et  m'éloigne d'une centaine de  mètres pour continuer  mon travail.. Il  me rejoint alors que je suis  à installer  une étoile de David fabriquée cette semaine  à l'aide de tige de fougères séchées, liées  par  un coton  orange. Il s’apprête  à photographier.
Je l'arrête etlui donne quelques explications. L'étoile de David, Raymond Anisten,  mon ami,  mon frère, son association crée  par lui  à la mémoire des rescapés de la Rafle du Vel' d'hiv de Juillet 42. Je lui  parle des 42 membres de sa famille, raflés  puis morts en déportation quelques jours après et passés au four crématoire. Je lui dis notre amitié, nos actions communes pour ne rien  oublier, jusqu'à sa mort et après.
Je ne voulais pas qu'il photographie cette étoile comme  un vulgaire objet. Maintenant,  il sait.
Je continue le tour de l'île et, cette fois j'approche de l’endroit,  où le fameux courant de la Jument, est au plus près de l'île.. Je commence par entendre son souffle avant de le découvrir au travers des arbres. Une force  impressionnante,  une présence, une puissance qui rend humble. Il faut le voir dans une marée  à fort coefficient pour mieux comprendre cet immense mouvement d'eau, de flux et de reflux, qui s'inverse  à chaque marée, quittant le golfe  ou le remplissant. Cette eau que j'aime tant côtoyer, indispensable  à toute vie mais aussi capable de tuer l'imprudent. Il y a quelques jours,  une femme est morte noyée, ici. Son  petit voilier s'est renversé dans les remous et  ,  malgré l'arrivée d'autres bateaux, on n'a pas réussi à la sauver.
Et cette  mort  là,  on la sent possible à tout instant, car le courant borde les rochers  où j'évolue. Un faux-pas et, ce serait terminé. C'est pourquoi, je n'oublie jamais cette proximité,  incapable de regarder la mer  comme  une simple carte  postale.Une entité bien vivante et qu'il faut respecter.
Cette semaine encor, j'ai alternémes sorties entre la mer et la campagne,  mais  l'eau en est restée le fil rouge.
Ainsi me suis-je retrouvé dans cette rivière du Loc'h, remontant vers sa source et installant des cairns au fond d'une vallée,  un peu sombre mais accueillante. Descente très pentue  jusqu'à la rive gauche, sous les arbres touffus,  puis, découverte des enrochements, sous le soleil. J'ai revécu des souvenirs de montagne dans ces lieux.La plus grande difficulté a quand même été de rester debout en progressant dans le lit de la rivière aux  pierres  instables.
J'ai  goûté ces instants de solitude et de travail au coeur d'une nature peu visitée et qui garde  un caractère sauvage. 
Ainsi s'est passée une semaine bien remplie en attendant de prendre quelques  jours de vacances et reprendre ce blog   à  mon retour.

Roger Dautais

 A ce jour,  plus de 130000 lecteurs ont par couru 
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS assurant  un beau succès  à ce modeste blog d'artiste.




Où sont passés les penseurs, les passeurs...


Où sont passés les penseurs,
Et tous ceux qui faisaient nos grandes heures
Dans les librairies
Il y a encore des livres
En ces temps où l’image
Images dégoulinantes
Exhibant sans distinction
Le public
Le privé
Comme si le monde entier
Dans le même drap vautré
Mimétisme des pages
Ressembler à l’image
Dans les librairies
Il y a encore des livres
On devrait s’en réjouir
Où sont passés les passeurs
Autrefois éditeurs
Aujourd’hui
La plupart
De simples entrepreneurs
Derrière leurs étals
Un à un
Ils déballent
Tout ce que le public
À faire croire qu’il réclame
Spéculation
Sur la moindre éjaculation
Grandeur nature
Quelques-uns s’encanaillent
Dans le tripot des mots qu’ils impriment
À laisser
Une étrange
Et troublante
Impression
Et pendant ce temps
Les bus des grandes villes
Portent ostensiblement
Sur leur flanc
Les stigmates du dernier best-seller
Mondialisation
Communication
À l’unisson
Et le poète à rêver
De la maturité d’un monde
Où les vers
Comme les pensées des philosophes
À leur tour
Un jour
Sur le flanc des bus
À nous dire
Que le monde a changé
Que les cloisons sont tombées
Que la profondeur
N’a jamais eu peur des projecteurs
Arrêt sur image
Autrefois
Gutenberg
Mémoires anciennes
Où sont passées tes belles traces
En nos jours trash
Dans les caniveaux
Le reflet des cigognes
Qui vers leur printemps
Sur les trottoirs de la ville
Il y en a tant
Vers d’autres tourments
Et le soir dans les salons
À la lumière des télévisions
La tentation de lire
Le goût du jouir
S’éteint la vie
Où sont passés les éditeurs
Autrefois des passeurs
Où sont passés les penseurs
Qui faisaient nos belles heures
Derrières tous ces leurres
Qui sous les projecteurs

 Michèle Gautard
http://michele-gautard.blogspot.fr/

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.