La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 31 décembre 2014

L'image d'un  monde :  pour  Paul Quéré
La maison de  mon  père : Pour Henri Droguet
Les révoltés du Loc'h : pour  Leeloo
L'offrande  à l'hiver :  Pour Maïté /Aliénor
Zénitude  :  pour Danièle Duteil
Après la tourmente : pour Pastelle
Les  isolées : pour Serge-Mathurin Thébault
Lampedusa story :  Pour Isabella Kramer
Le tour de  l'île Stuhan :  Pour Kristina
First frost : pour Marty
Banc de solitude : Pour Jacques Koskas
Cœur d'hiver :  pour Denise Scaramai
Le vertige de l'âge :  pour Odile Bossard
Le souvenir de toi :  Pour Rick Forrestal
Parole de  pierres : pour Marie-Josée Christien
Passion d'Estran : pour Marie-Claude
Couvaison blanche : pour Camino Roque


à Marie-Claude...

Des sept  îles à l'île de Stuhan, d'un tombolo  à  l'autre, j'avance vers le bout de  l'an. Entre le difficile et l'inutile, comme le chante Félix Leclerc, je marche vers la conclusion. Le monde va mal et je marche. Je ne sais  pourquoi,  un vol d'oies Bernache me suffit  pour ressentir la vie qui bat en  moi.
Je dois être attentif  à la renverse de la marée, qui me cernerait, pris au jeu des cairns. Encore  un, s'il vous plait. La mer  n'attend pas, ni la vie.
Trois  jours que je consacre  à la cueillette des graines de ruscus au rouge  intense en cet hiver où les couleurs vives se font rares. De l'aube au crépuscule, d'un chemin creux  à l'autre, je guette la goutte de sang qui perle sur la feuille piquante. J'ai les mains lardées. En fin de journée, descendant vers  l'estuaire du Sal, la nuit vient me surprendre et j'aime ce jeu de la peur ancestrale où tous les repaires disparaissent. Reste le souffle  un peu court, le pas hésitant,  l'appel des chiens dans le noir, la découverte de l'eau,  miroir du village sur l'autre rive,  la marche du retour vers toi et ce  précieux trésor gardé dans  un sac de toile,  pour de futures installations.
 72, soixante douze hivers pour retrouver la peur de  l'enfant, dans le grand jardin de  mon  père. Sous terre, les sentiments passent encore même lorsque  l'horizon reste un souvenir.
Le froid est arrivé un matin de cette semaine, brutal,  moins 8°. Toute la campagne est blanche. Il me faut retrouver ces sensations du travail au froid. Celui qui transperce, qui fait mourir, en France, ces jours-ci. Je me consacre  à de  petits travaux.  En trente minutes  à peine, je ne sens  plus qu'une brûlure au bout des doigts. J'ai du mal  à saisir ces  boules de ruscus, que  j'aligne sur  la pierre  pour traduire une idée. Je dois retrouver ces sensations pour comprendre  l'hiver en  moi et j'y arrive. L'engourdissement d'un corps, par le 
froid est très rapide. Travailler, penser, tout devient  plus difficile. Je n'aime pas cette annonce des morts par le froid, des sans domicile fixe.
Non, le monde ne va pas bien et je marche. Je marche  pour me sentir en vie,  pour dire avec mes  pierres, le scandale de Lampedusa. A genoux sur le sol gelé, je  pose  mes  ultimes installations. Viennent en moi ces idées d'opulence et de  peu. Trop  pour certain, si peu  pour d'autres. C'est  une colère glaciale mais qui ne résout rien.
Entre deux absences de  toi,  le jour s’effiloche Je marche droit devant. L'île de Stuhan accroche les derniers rayons de soleil. L'hiver de ma vie, je le passe, en marchant vers la mer. C'est mon  lot, ma solitude de coureur de grèves, avec dans ma tête le souvenir de ton sourire, la  bas, dans notre maison, au milieu des terres noires. Je ferai demi-tout, lorsque le temps sera venu, après les cairns, la salutation au soleil de Carnac, de te retrouver. Mais la vie continuera sans attendre personne,  à dérouler son destin. Carpe diem.

Roger Dautais  
31 Décembre 2014


Meilleurs vœux  à tous les lecteurs du CHEMIN DES GRANDS JARDINS et  à tous ceux , nombreux qui se sont exprimés ici, par les commentaires, tout au  long de cette année.




Je  m'immobilise
pour ne pas détruire
la furie des atomes

La hâte
égare
la précision des sens

consume  l'éveil.

Marie-Josée Christien

mariejoseechristien.monsite-orange.fr/


Ile précaire

A Guénane

Mais cela même
Ton nom sur la page
Comme une île infiniment
Comme une île tout au bord

Le temps à peine…

L’écriture comme un regard
            S’injecte du sang nécessaire au souffle

Ton cœur s’écarquille aux quatre vents


Guy Allix

                        Ile de Groix, été 2007.

guyallixpoesie.canalblog.com/                                     

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.