La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 10 juin 2015

Dialogue de sourds  :  pour Christian Cottard
Haïku :  pour Danièle Duteil
Echo de Lampedusa  :  Pour Marie-Josée Christien
Les frères de la côte  :  pour  Juliana
Le guetteur de marée  :  pour Marty
Fenêtre sur les dormantes  :  pour Arlettart
Vers  l'au-delà :  pour Thibault Germain
L'appel  noir  : pour Ceciely
Identité Breizh  : pour  Patrick Lucas
Mandala de la cabane du pêcheur :  pour France
Franchissement  : Pour Maïté/Alienor
Grand cairn de St Jean : pour Inès( Magia da)
L'appel du large :  pour Remei
Zen ,  l'heure bleue :  pour Marie-Claude
Hommage au Loc'h : pour Marie
Rêves rouges  :  pour Gil Zetbase
L'adieu  : pour Thérèse

 Route 72
 Être d'ailleurs et le rester, parce que, maintenant, l'ailleurs  s'impose. 
Je me tiens au bord du monde.



Répit
La côte est déserte. La mer est turquoise pour m’accueillir sous  un léger voile de brume. C'est ici que je reprends la route 72; La mort s'est invitée  à notre table. Nous avons mesuré notre  impuissance et le poids du destin à faire pencher la balance.On ne pouvait qu'espérer. Elle nous a laissé gagner. Merci.

Ce qui échappe
Insituable, cette rencontre entre cinq pierres  jointes par l'eau de la rivière. Ce cairn est né dans l'absence, le vide. J'avais fini  par perdre  pied dans cette violente  peine qui m'écrasait.

Lampedusa
J'aime cette transformation  lente qui  part d'une obsession et se termine par  un constat : une fois dressées contre le scandale, ces  pierres sont douées d'une  lucidité farouche. Deux heures de ma vie consacrées  à prolonger ce cri d'indignation dans la  plus parfaite  indifférence. La semaine passée, 4500 vies  ont été confiées entre les mains des passeurs.

Je suis  où,  à présent ? Rester ici, en attendant que la mer  monte, remplisse l'espace déserté par elle, me semble la meilleure solution. Un sentiment de  plénitude m'apaise jusqu'à me lier avec  l'espace. Les  premiers cairns seront de  pure consolation, n'en déplaise aux  juges. Les autres viendront pendant la période de convalescence.

La brume s'accroche  à  l'océan, au ras de  l'eau. Au lever du jour, elle s'effilochera pour que la lumière advienne. Dans  l'instant  présent, elle devient belle compagne de mes travaux fragiles.

J'ai  l'impression que le ciel est devenu  plus  lointain,  plus  profond,  plus haut pour me laisser de la place. Je gagne en respiration ce que je perd en sentiment de  proximité avec  lui.

Le balancement des  pierres n'est pas évident,aujourd'hui. Elles résistent et je serais bien mauvais perdant, si, je leur en voulais,  une seule seconde. C'est  une évidence, la lenteur de mes gestes, s'impose, si je veux réussir à élever quelques cairns aujourd'hui.

Marcher, écarter les ronces, fouler le sol en soulevant de la  poussière, se baisser, cueillir, ramasser, tous ces gestes simples sont capables de refléter le monde. Il faut en être conscient. 
Affronter  mon destin en marchant, sans cesse, vers  l'accomplissement.

Je grave d'un  pied assuré,  mon identité dans les sables de Locmariaquer. La spirale se déroule bien malgré quelques difficultés dues  à la qualité du sol, à la pente de la plage. Une heure trente plus tard, je boucle cette spirale dans la solitude. Le soleil est pâle, la lumière, très  moyenne, comme la photo. Ce qui compte    après tout, c'est d'être  là,  à  l’œuvre, malgré tout ce qui s'est passé.

Être d'ailleurs et le rester, parce que, maintenant, l'ailleurs  s'impose. Je me tiens au bord du monde.

Roger Dautais


Merci à tous les lecteurs qui  m'ont encouragé  par leur lecture et  pour certains, par des commentaires très touchants pendant ces cinq semaines de pause du Chemin des Grands Jardins.


Permanence

Ainsi l'aurore
sera-t-elle toujours au rendez-vous
alors que les hommes
se  trahiront
que d'autre fraterniseront
et que  les  oies sauvages
continueront à ne pas se tromper de chemin

Isabelle Lagny
Extrait de " Le sillon des jours"  Editions Le Temps des Cerises  2014

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.