La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 20 novembre 2015


Remember : aux victimes des attentats de Paris
Le premier cercle de Ty Bihan : pour Brigitte Maillard
Les oubliés de Lampedusa : pour Guy Allix
Chant de marins en ria  : pour Marty
Les  jours de chagrin   :  pour le silence des mots
Le rêve de Kermario  : Pour Thérèse
Intersignes : pour Manouche
La vie  en équilibre : Crazy Horse  37
Gravité  première : pour Maïté /Alienor
La mal mort :  pour  Serge Mathurin Thébault
La falaise de  l'Alliance : pour Luce Lapin
Le gardien du temple de Kerpenhir  :  pour Tilia
Sentinelle  en Mor Braz pour Rick Forrestal
Mandala des Sept Îles :  pour Joelma
Carré vert  :  pour  Christian Cottard
Poppies  pour Marie-Claude 







à Marie-Claude


Qui  peut, en ces temps d'effroi, échapper  à  l'horreur des événements? Où se trouver une place parmi les vivants ? Il faut retrouver le chemin de soi. Le plus court chemin de soi  à soi, disait Ricoeur, passe par  l'autre. Offrir ce que je fais de mieux aux autres, me paraît suivre ce conseil.
 Le retour vers  une intériorité s'impose lorsque la traversée du désert se propose comme seul voyage possible. Effacer les images de toutes ces âmes  massacrées, de ces voix étouffées, de ces morts épouvantées,  m'est impossible. Pour le  moment, elles font partie du voyage. Je ne demande pas à  oublier l’urgence de la situation, j'essaie de vivre avec en ayant  une pensée émue pour toutes les victimes de ces attentats , de leurs familles et amies.
 Dans ce chaos,me reviennent en  mémoire, des étés paisibles en Normandie. Je me réfugie dans ces souvenirs, le temps d'une pause.

Mémoire.
Je contourne la plaine semée de blés durs, si propres aux amour clandestines de la renarde. Il fait 37° au soleil et la route  poussiéreuse de terre battue, me mange les pieds. Il me faut descendre  jusqu'au fond  du vallon, cueillir une brassée de coquelicots et gagner  l'ombre du bois.
Marcher, toujours marcher, pour aiguiser mes perceptions, quitter les idées  inutiles. Franchir le rideau d'orties qui  borde l'orée du bois. Écarter les branches souples des saules, encore aveuglé de soleil. Découvrir l'étang au beau milieu des saules. En faire le tour dans le sens des aiguilles d'une  montre. Revenir au point de départ, je ter trois pierres dans les eaux dormantes. Compter les anneaux, s'asseoir sur la berge. Les voir s'affaiblir et mourir. Simple  jeu qui me ramène  à  l'enfance, simple rêve  où la vie se niche sans demander à personne. Maintenant, dans le silence des  lieux, la paix de  l'âme, commencer les premières flottaisons de coquelicots et penser à celle que  j'aime.

Vivre, c'est revendiquer le droit de rêver jusqu'à la fin.

J'ai trouvé  un anneau de fer sur ma route. Depuis,  nous voyageons ensemble comme je le fis autrefois avec  une sphère de coudrier (cf. Le voyage des la sphère ). Je commence  mes premières créations avec lui, à Kerpenhir, porte d'entrée Ouest du Golfe du Morbihan. Qui n'a jamais arpenté ces lieux ne peux  imaginer la force magnétique qui s'en dégage, la  puissance du courant de la Jument qui nait dans ces eaux et  pénètre dans le golfe, les  lumières extraordinaires et la force du vent les jours de tempête. 

Monter un cairn  n'est jamais facile,  mais le faire en  prenant comme base cet anneau, complique le travail. Un subtil  mélange entre équilibre et déséquilibre, se calcule au  millimètre. L'urgence du  propos, rendre hommage au  lieu , demande  un  maximum d'intériorité. A cet  instant du lâcher prise, se trouve le geste  ultime qui  me  lie au paysage,  lieu d'un bonheur aussi  intense qu'éphémère.

La vie dans ces petits détails a aussi ses raisons d'être.

 Je vais reproduire ces équilibres, ans qu'ils ne soient jamais identiques, pour retrouver cette beauté épurée, dans les rochers de Kerpenhir, vers la  pointe Nord, sur la commune de Locmariaquer, puis  un autre jour, dans les falaises de Ty Bihan à Carnac.

Ce qui nous sauve ne nous  protège de rien, et pourtant cela nous sauve. C.Bobin

Bien handicapé par cette colonne vertébrale rétive, que je soigne au  mieux,  je me maintiens dans l'esprit land art. C'est ce qui  me sauve. Combien de temps encore  pourrais-je le pratiquer , je ne sais pas. Le land art est  pour  moi,vital.Il est comparable  à un véhicule en  marche, où  j'ai ma place. Je fais des stations, des arrêts, plus  ou  moins  longs, pas toujours désirés, mais j'avance.
On ne revient pas totalement  indemne d'un tel voyage, mais  j'accepte et ce n'est pas facile, ce changement dans ma vie.
Mon désir de créer est bien présent, et  puisque comme le disait Nietzsche il faut  un chaos  intérieur pour enfanter une étoile filante, rassurez-vous,  mon chaos  intérieur est bien  présent. Puisse-t-il encore enfanter quelques étoiles. Le Chemin des Grands Jardins est fait  pour vous. Soyez les bienvenus.

Roger Dautais



Ni de terre ni de  mer

Il  n'y a plus d'enterrement
Ni de terre  ni de  mer
Si tout le  monde  ment
C'est  pour mieux s'exhumer

Il  n'y a plus d'enterrement
Ils te jetteront aux chiens
L'arbre n'embellit  plus
De tenir le vent

Il  n'y a plus d'enterrement
Plus de ciel  à labourer
Qu'importe la la forme des estuaires
Je me soumets  à son sablier.

Louise Browaeys

Membres

Archives du blog

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.